Restauration de l’estampe Le Triomphe de Jésus-Christ
L'estampe avant restauration, dans l'église Saint-Vincent, à Combs-la-Ville
Cette estampe de grand format a été gravée par Larmessin, éditée par Vanheck, à Paris, à la fin du XVIIe siècle. Elle est située dans l’église Saint-Vincent à Combs-la-Ville (77).
L’estampe a été déposée du garde-corps de la tribune de l’église, le 26 août 2011, par l’équipe technique de Combs-la Ville. Elle a été reposée le 16 décembre 2011, à la même place.
Cette œuvre a été gravée en taille douce au burin sur neuf plaques de cuivre et imprimée sur neuf feuilles de papier chiffon (fabriquées à la forme) qui ont été assemblées par collage pour former une frise de 4,60 mètres de longueur. Dans l’épair du papier vergé, on peut lire un filigrane figurant le dessin d’un chapelet, représentatif des feuilles de grand format. Le thème a été inspiré à Nicolas de Larmessin d’après la xylographie en dix blocs de bois de Titien, Le Triomphe de la foi, œuvre à l’origine d’un grand nombre de copies ou d’adaptations aux XVIe et XVIIe siècles. Sa restauration s’est imposée afin d’améliorer sa conservation et, ainsi, de pérenniser une œuvre sur papier, rare en raison de son format et de ses valeurs religieuse, historique, artistique et culturelle.
Les principales altérations
Les altérations d’usage et d’ordre mécanique
L’estampe était collée sur une fine toile de lin, exposée encadrée, sous moulure et Plexiglas © non jointif. Ce montage a provoqué un fort empoussièrement propice au développement de micro-organismes, et un voile gris créant un problème d’ordre esthétique.
Tout le pourtour de l’œuvre était endommagé parce qu’elle avait été clouée antérieurement. Les semences ont créé des déchirures et des lacunes ainsi que des traces de rouille.
Par ailleurs, le papier d’œuvre était altéré par des petites lacunes et de nombreuses épidermures.
Les joints des feuilles étaient parfois décollés.
De nombreux plis et déformations étaient liés aux défauts d’entoilage.
Les altérations physico-chimiques
L’exposition à l’air et à la lumière, et la dégradation des colles, combinées à des conditions d’humidité relative et de température inadaptées ont provoqué un jaunissement généralisé du papier.
Des lignes verticales, signe d’une oxydation plus prononcée, étaient visibles sur les zones correspondant aux traverses d’encadrement en bois qui dégagent des composés acides.
Les altérations biologiques
L’estampe était fortement altérée par des micro-organismes, moisissures, taches noires visibles dans l’épair du papier, et à sa surface sur la dernière planche. Sur plusieurs planches, les lépismes (poissons d’argent) ont effaçé certaines parties du graphisme, rongeant parfois le papier jusqu’à la toile.
Les étapes de la restauration
Dépoussiérage-gommage-désassemblage des planches
L’œuvre a été gommée et son verso désentoilé progressivement à sec, après avoir été dépoussiéré. Les planches ont été désolidarisées les unes des autres par simple décollage à sec, ou humidification et apport de vapeur d’eau chaude, en fonction de la résistance des collages.
Nettoyage aqueux des planches
Les planches portaient de nombreuses traces de moisissure sous forme d’auréoles gris sombre, et la colle de pâte desséchée était sérieusement incrustée dans le papier. Chacune des planches a été lavée, le papier étant ainsi débarrassé des composés acides produisant un jaunissement général.
Restauration des planches
Les zones de rouille correspondant aux clous en périphérie des marges ont été ébarbées, puis consolidées avec du papier Japon collé à la colle d’amidon. Les déchirures et toutes les zones fragilisées ou lacunaires ont été consolidées.
Doublage sur papier Japon
Chacune des planches a ensuite été doublée sur un papier Japon fin.
Comblement des lacunes et retouches
Toutes les zones lacunaires ont été comblées avec du papier vergé, proche en texture et en teinte du papier de l’œuvre. Des retouches à l’aquarelle ont été effectuées sur les pièces rapportées.
Certains motifs ont parfois été redessinés, grâce à une autre épreuve connue.
Assemblage de l’œuvre
La toile de lin a été décatie deux fois sur des châssis de travail. Un papier barrière de conservation a été collé sur celle-ci. Enfin, les planches de l’œuvre ont été marouflées trois par trois sur ces supports.
Remontage sur trois châssis définitifs
Elles ont été ensuite dégrafées des châssis de travail puis ragrafées sur trois châssis définitifs.
Le parti pris de séparer cette œuvre monumentale en trois a été motivé par la volonté de lui redonner une bonne stabilité mécanique, de faciliter sa manipulation et son transport, et de permettre éventuellement un démontage pour une exposition temporaire.
L'estampe après restauration. Le cadre d'origine a été préservé. Un vitrage en polycarbonate protège l'estampe.